La randonnée en autonomie séduit de plus en plus de pratiquants. Mais derrière l’image idyllique d’un bivouac au bord d’un lac ou d’une traversée de crête au lever du jour se cache une réalité exigeante : évoluer seul(e) ou en tête de groupe en montagne, sans assistance extérieure, demande préparation, rigueur et adaptation. Voici un guide complet pour aborder sereinement cette pratique et construire progressivement votre autonomie.

Définir l’autonomie en randonnée

Être autonome en montagne signifie être capable de planifier et de réaliser une randonnée sans dépendre d’une personne plus expérimentée. Cela concerne à la fois les personnes qui randonnent seules et celles qui souhaitent prendre le lead dans un groupe.

L’autonomie implique de savoir s’orienter, de gérer son matériel, ses ressources et son effort, de prendre des décisions face aux aléas, et souvent, de bivouaquer. Nous n’aborderons donc pas ici les randonnées en « semi-autonomie », avec nuitées en refuge ou en gîte.

Recommandation importante : l’autonomie ne s’improvise pas. Elle suppose un devoir de vigilance accru. Savoir lire une carte, anticiper la météo, évaluer ses capacités, gérer son matériel et respecter l’environnement sont autant de compétences à développer.

Préparer sa randonnée : définir son itinéraire

Savoir se repérer

Apprendre à lire une carte IGN (papier et numérique) est une compétence clé. Il vous sera indispensable de savoir identifier les types de chemins/sentiers, les cours d’eau, les courbes de niveau (dénivelé), les abris et refuges.

Gardez en tête que savoir se repérer c’est aussi être en mesure de communiquer rapidement et précisément sa position.

Ayez toujours une ou plusieurs options de repli : en cas de mauvais temps, de fatigue, de terrain impraticable ou de blessure.

Estimer la difficulté

Il existe plusieurs référentiels pour s’aider à évaluer la difficulté d’une randonnée. Voici des exemples donnés par le FFRandonnée :

  • La technicité : il s’agit de la difficulté technique et motrice (présence et taille d’obstacles).
  • Le risque : il s’agit de la difficulté liée au danger de chute/glissade et des conséquences possibles.
  • L’effort, avec l’indice « kilomètre/effort » : KM + (D+ x 10) . Une distance courte en montagne peut représenter un gros effort selon le dénivelé ou le terrain.
    • Exemple de calcul : Une randonnée de 10km avec 800 mètres de dénivelé positif (montée) correspond à 18 Kilomètre/effort. Si votre rythme de marche est de 4 km/heure sur du plat, comptez alors 4h30min (18)

Plus de détails sur le site de FFR : https://www.ffrandonnee.fr/randonner/securite/cotation-des-randonnees-pedestres

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Estimer la durée

Déterminez le nombre de jours de marche en prenant en compte votre rythme, les difficultés du terrain, la météo, et votre forme physique.

A titre d’exemple : Sur sentiers classiques (type GR) et pour des randonneurs non expérimentés prévoyez des étapes qui ne dépassent pas 1000 mètre de montée (1000 D+) par jours et un temps de marche journalier autour des 5 à 6 heures

Anticipez les pauses et les zones de bivouac en prévoyant des arrêts réguliers pour manger, recharger les batteries, filtrer de l’eau ou faire sécher votre matériel. Identifiez des zones propices et sûres pour le bivouac Voir section sur le bivouac.

Avoir le bon matériel : légèreté, efficacité, fiabilité

Connaître son matériel et ses limites

Avant de partir, testez votre équipement. L’autonomie ne laisse pas de place aux imprévus matériels.

  • Par exemple pensez à vérifier comment se monte votre tente, si vos cartouches de gaz sont pleines et compatibles avec votre réchaud, ou encore si vous savez manipuler votre filtre à eau.
  • Si vous prévoyez de partir en altitude en dehors des mois d’été, pensez à vous munir de l’équipement adéquat (piolet et crampons, raquettes à neige, etc). Veillez à vérifier que vous savez manipuler et ajuster votre matériel.

Arbitrer entre légèreté, confort et sécurité

Un sac trop lourd vous ralentira et vous fatiguera. Mais alléger à tout prix peut nuire à votre sécurité (vêtements imperméables, sac de couchage et vêtements suffisamment chauds) et à votre confort (éléments pouvant avoir leur importances pour une bonne récupération).

Trouvez le juste équilibre en fonction de votre pratique, de la saison et de la durée.

Savoir où et comment bivouaquer

Respecter la réglementation

En montagne, le bivouac est souvent autorisé, mais sous conditions : par exemple, entre 19h et 9h, sans feu, et à distance des routes ou refuges. Les parcs nationaux et réserves naturelles ont chacun leurs règles : renseignez-vous précisément.

Plus d’information : https://www.pyrenees-parcnational.fr/fr/le-parc-national-des-pyrenees/la-reglementation/campement-et-bivouac

Choisir un emplacement adapté

Installez votre bivouac :

  • À l’abri du vent dominant (mais pas trop près des arbres morts),
  • Suffisamment éloigné des zones humides (cours d’eau, lacs, cuvettes),
  • Sur terrain plat, stable et non fragile,
  • Avec un bon espacement entre les tentes si vous êtes plusieurs.

Pensez également à bien orienter votre par rapport au vent (surtout si celle-ci n’est pas en forme de « dôme »).

Un bon réflexe est de monter les tentes et d’installer votre matelas et sac de couchage dès votre arrivée. Également pensez à diner et à vous coucher tôt

Gérer son alimentation et ses ressources en eau

L’autonomie passe par une bonne gestion des ressources.

  • Nourriture : visez 2500 à 3500 kcal/jour selon l’effort, en privilégiant des aliments légers et riches (semoule, purées, fruits secs, oléagineux, barres grasses).

Prévoyez des repas pas trop copieux le midi si vous avez encore des kilomètres et du dénivelé à réaliser.

  • Eau : repérez les sources et ruisseaux sur la carte. Emportez de quoi traiter l’eau (filtre, pastilles, ébullition), surtout si vous passez dans des zones d’élevage ou en altitude.

S’hydrater est essentiel afin d’éviter les insolations et pour favoriser la récupération musculaire. Buvez aussi des boissons chaudes (thé, café, soupes) en quantité et surtout le soir.

Pensez à réserver des paniers repas aux refuges que vous croiserez. Cela vous permettra de partir plus léger et d’avoir des repas frais et équilibrés.

Respecter la nature : un randonneur autonome est un randonneur responsable

  • Ne laissez aucune trace : ni déchet, ni feu.
  • Ne cueillez pas, ne dérangez pas la faune.
  • Restez sur les sentiers autant que possible pour éviter l’érosion.
  • Respectez les autres pratiquants et les règles locales.

Dans les abris ou cabanes : soyez altruistes dans la mesure du possible en redescendant des déchets (ou bouteilles vides) et en y montant le bois que vous consommerez si vous y faites du feu (pensez à vérifier que la cheminée est en bonne état)

Savoir marcher sur plusieurs jours

Trouver son rythme

Avancer à la bonne vitesse est essentiel. Un rythme trop rapide vous épuise, un rythme trop lent allonge l’effort. Adaptez votre marche à la pente, à la chaleur, et à votre ressenti.

Prévoyez des pauses régulières, en particulier en début et fin de journée.

D’expérience vous constaterez que le meilleur moment pour marcher est le matin. Prévoyez de partir tôt (se lever avec le jour est idéal).

Le pas de récupération

Cette technique permet de réduire votre fatigue et trouver un rythme de marche stable même en cas de grosse perte d’énergie. L’idée est qu’il bien plus efficace (et sécurisant) de marcher très lentement mais régulièrement que de faire des pauses trop fréquemment. Le pas de récupération vous permet de trouver un rythme de marche qui nous vous essouffle pas (même en forte montée) et évite les crispations musculaires.

Le principe est qu’ à chaque pas vous réalisez un arrêt court mais complet : quand vous avancez un pied pensez à expirer en vous redressant pendant que la jambe arrière (tendue) supporte votre poids. Inspirer ensuite en avançant l’autre pied.

Anticiper les imprévus et prendre les bonnes décisions

Vous êtes seul maître à bord. Cela veut dire :

  • Renoncer si le temps tourne ou que vous êtes fatigué,
  • Vous arrêter pour vous reposer, réparer un équipement ou vous réorganiser,
  • Continuer si les conditions sont bonnes et que tout est sous contrôle.

S’adapter, c’est aussi savoir changer de plan, raccourcir une étape ou revoir ses objectifs. Mieux vaut rentrer frustré que ne pas rentrer du tout.

Conclusion : l’autonomie, une liberté exigeante

La randonnée en autonomie en montagne offre une liberté inégalable. Mais cette liberté s’acquiert pas à pas. Elle demande de la préparation, du bon sens, de l’expérience… et de l’humilité face aux éléments.

Commencez par des sorties courtes, en terrain connu. Apprenez de chaque bivouac, de chaque choix, de chaque erreur. L’autonomie n’est pas un objectif, c’est un chemin.

Pour aller plus loin, notamment pour celles et ceux qui seront amenés à encadrer des groupes, voici deux réflexes à garder en tête tout au long de vos randonnées. L’idée est d’être constamment en mesure de se remettre en question et de prendre des décisions lucides :

  • OSRER : Objectif, Séquence, Risques, Equipements, Règles
  • TECAP : Timing, Etat, Condition, Adaptation, Plaisir

Enfin, pour parfaire votre autonomie vous trouverez TOUT dans ce livre : « Guide de la montagne: L’alpinisme en liberté » Edition Paulsen

Lien vers nos autres articles :

-> Comment bien choisir son sac à dos de randonnée ?

-> Comment bien choisir ses chaussures de randonnée ?

-> Comment bien choisir son sac de couchage de randonnée ?